Au ralenti

Dire que je me disais, au dernier Capharnaüm, que je voulais écrire ici plus souvent. Et encore une fois, plus d’un mois s’est passé avant que je ne reprenne la parole en ces lieux. Il faut dire que ces dernières semaines ont été mouvementées, avec les dernières étapes pour la réalisation des illus pour les Champidragons (enfin, surtout la mise en place de tous les fichiers d’impression, etc), pas mal de couvertures de romans aussi, je ne sais plus exactement combien de tête mais je pense que ces deux derniers mois, une dizaine ont du être réalisées. Ça fait beaucoup, croyez-moi. Tout ça pour dire que ce n’est pas simple de trouver du temps pour se poser et discuter un peu avec vous ici-même.

Cet article, il traîne en mode brouillon depuis des semaines et des semaines dans l’arrière salle de ce site. L’ébauche était déjà faite avant le Capharnaüm 6, c’est pour vous dire. Et en même temps, je le relisais, le triturais un peu. Il entraînait une nouvelle réflexion puis une autre. Le genre d’article que l’on sent nécessaire, qu’on a envie de peaufiner et au final ne sort jamais parce que ce n’est pas toujours simple de mettre par écrit des pensées.

On va donc aborder quelques points qui me trottent en tête :

Les réseaux sociaux

Force est de constater qu’au fil du temps, ce qu’ils sont devenus ne me plaît plus vraiment. Il y a de la tension partout. Les gens sont souvent sur les nerfs, fermés. Le climat actuel y est pour beaucoup, bien sûr, mais aussi le mode de fonctionnement de ces réseaux, qui préfèrent mettre en avant ce qui fait réagir beaucoup, ce qui va vite. Et le conflit est ce qui correspond le mieux à tout ça. Ajouter à cela les attitudes passives/agressives de nombreuses personnes, tout le monde s’attaque, se plaint des dramas tout en cherchant le prochain auquel participer. L’ambiance s’est dégradée ces derniers mois et est devenue vraiment délétère.

La course des algorithmes qui en demandent toujours de plus en plus, sans donner les clefs pour les satisfaire, est un jeu qui ne m’amuse plus du tout. Cela gâche notre temps, met à mal notre confiance en nous, en nous comparant via des statistiques sur lesquelles nous n’avons que trop peu de contrôle (un article intéressant sur ce qu’étaient les communautés artistiques quand j’ai commencé et leur évolution).
La preuve, il y a 2 mois, en 5 jours, mon compte Instagram a gagné 6000 personnes. Je n’y postais plus quoique ce soit depuis un mois. Derrière tout ça, un partage d’une page Facebook influente, mentionnant mon compte Instagram en guise de crédit. Bien qu’agréable, c’était pour moi la pièce finale pour montrer le caractère aléatoire de la “réussite” sur les réseaux (bien qu’on puisse tout de même y jouer un rôle, mais cela s’apprend, prend du temps et je n’ai pas l’énergie à ça en ce moment).

Avec le temps, il faut avouer qu’ils m’ont noyé. Ne regarder que les chiffres, chercher à plaire ou ne pas déplaire. Avoir pour but de poster tout ce que l’on fait, cela a érodé en douceur, d’années en années, ma confiance en mon travail et aussi le plaisir que je pouvais y prendre.

Cela m’attriste aussi pour les personnes avec qui j’échangeais régulièrement. Car tout n’est pas mauvais non plus, il y a eu de bons, voire très bons moments.

Il y a eu une pause des réseaux sociaux aux environs du mois d’août. Je n’y passais que pour voir si j’avais des messages privés ou parfois regarder ce que les gens les plus proches ou les têtes amicales y postaient. Un calme s’était installé. Parfois dérangeant car il manquait quelque chose mais avec du recul, cela avait fait du bien.

Malheureusement, tout cela est addictif et j’y suis retourné un petit peu, puis un peu plus, puis un peu trop. Ces derniers temps, l’actualité est vraiment sombre, à tous les niveaux et les réseaux ne font que l’exacerber. Surtout Twitter, vu que j’ai la sale manie d’aller voir les TopicTrends (TT) et d’y passer un peu de temps. Cela m’embête car c’est aussi certainement le réseau que je préfère pour un tas d’autres raisons.

Tout ça pour dire que je vais refaire une pause réseaux sociaux, que cela va rester comme ça pour un moment. On pourra toujours se parler ici, je tenterai de donner des nouvelles plus souvent, ou sur le Discord, bien sûr !

Ralentir

Il est parfois nécessaire de ralentir pour mieux avancer.
C’est un besoin que je ressens depuis des mois. Un épuisement latent qui est là, présent à tout instant, du lever au coucher. Je suis fatigué. Il est temps que je m’en rende compte et m’en occupe.

Je vous avais déjà parlé du burnout auparavant. Il ne m’a jamais quitté, il s’est affaibli avec le temps mais il est toujours là, en filigrane. Aucune véritable pause n’a été prise depuis le constat de cet ami ingrat et il est temps que cela change.
Beaucoup de travail abattu durant l’été et également en automne, il ne me reste plus grand chose à faire, si ce n’est aller au bout du projet sur les Champidragons. Mais je n’ai plus rien à “produire” et c’est vraiment essentiel. Le reste sera plus de l’organisation et de la manutention.

Dans un billet précédent, j’évoquais des envies, des projets, une idée d’indépendance. Tout cela trotte toujours autant dans ma tête, ne vous en faites pas, mais cela va prendre plus de temps. Car oui, je vais prendre cette pause. Je ne sais pas encore quand ni combien de temps précisément mais cela devient vraiment nécessaire. J’ai besoin de me ressourcer, de couper un peu les ponts avec le “créatif”, reprendre un peu de force, lâcher du leste, ralentir.

Tout au long de mes années d’illustration, il y a toujours eu des moments de creux. Entre les contrats, entre les chapitres, entre les pages, des zones neutres où le cerveau se repose, se distrait, s’égare. Ces zones où naissent les envies, les idées. Y retourner me fera le plus grand bien car je les ai perdues en chemin (voir l’article Les bienfaits de l’ennui).

J’évoquais le fait de se noyer dans les réseaux sociaux au chapitre précédent. Il en est de même dans le travail. Vouloir toujours en faire plus, mieux, sans jamais s’arrêter, enchaîner, la tête sous l’eau. Il faut que je respire.

Repartir

Quand les éclaircies pointeront, je reviendrai vous parler des futurs projets. En attendant, je tiens à dire un immense merci à toutes celles et ceux qui me suivent un peu partout, qui sont venu·es me voir et se sont abonné·es sur Twitch, les participant·es au Ulule. Il est évident que je reviendrai sur Twitch. Comment, à quelle fréquence, il est bien trop tôt pour le dire mais c’est une certitude, nous nous y croiserons à nouveau.
Ulule verra aussi naître de futurs projets de livres. J’aime ce contact direct que j’ai avec vous, la liberté d’action qui nous est permise. Et au vu du succès des Champidragons, je me dis que vous aussi.
Les réseaux, nous verrons. C’est peut-être le point qui changera le plus. Leur redonner leur place, à savoir être des relais pour mes illustrations, rien de plus, me semble quelque chose d’essentiel. J’y serai moins présent, quoiqu’il arrive.

Tout cela reviendra, plus mûr, plus nuancé, en prenant son temps. Ce sera le bon moment pour lancer un genre de mécénat (je ne sais pas encore vers quel site me tourner… Tipeee est franchement problématique vu qu’il héberge des contenus d’extrême droite sans sourciller, Patreon a l’air de lorgner sur le NFT, ce que je n’ai pas envie de soutenir… Reste Ko-Fi. Bref, on verra !). C’est un grand pas dans le vide, mieux vaut ne pas le rater. Certain·es d’entre vous me l’ont demandé plusieurs fois, il viendra et je suis déjà sûr et certain que ce sera une belle aventure.

Ensuite viendront les futurs projets. Quoi, je ne le sais pas encore, ce sera aux envies du moment de tracer le chemin. Là aussi, aucun doute que de jolis voyages nous attendent.

J’espère que vous serez là pour les partager, tout simplement.

10 comments on "Au ralenti"

  • Aurélia says:

    Belle continuation à vous 🙂

  • Sophie Castillo says:

    J’ai la même réflexion post-burn-out en ce moment, force est de constater qu’on a beau essayer de faire sans, la pause devient nécessaire à un moment donné! Force et courage ! Bonne pause 🙂

    • Coliandre says:

      Arf, oui… Je pense qu’on est beaucoup à se dire qu’en faire un peu moins, ça peut suffire. Ou arrêter une petite semaine et zou, on recommence.
      Mais au final, on est obligé de constater qu’il faut une grosse pause, une coupure assez nette pour remettre tous les compteurs à zéro.
      Bonne chance de ton côté aussi, je sais que ce sont des moments assez délicats à vivre.
      Et merci ;).

  • Monika says:

    Trafiłam na Ciebie przez przypadek, chociaż uważam że tak po prostu miało być. Trzymam za Ciebie kciuki, dziękuję za to co zobaczyłam i co mnie natchnęło do dalszych poszukiwań. Pozdrawiam i życzę wszystkiego dobrego

    • Coliandre says:

      Thank you very much.
      I translated your message in Google, ’cause I do not speak Polish… So if you want to say something in english, to be sure I can understand it in the best way possible ;).

      • monikaderwisz says:

        Hello Friend. I don’t know french, that’s why i use google translator. Thanks for you and your art. Thanks to you, I found the strength to work. I love art, unfortunately I don’t have this art in my hands. I have it in my heart, in my eyes and in my head. You gave me a Christmas gift. Thank you for your art. With best wishes and best regards Monika

  • Chris Pi says:

    Je n’ai pas assez de temps pour te donner complètement mon point de vue sur tous les sujets que tu abordes sans risquer de mal me faire comprendre. Je peux simplement te souhaiter du courage pour la suite et beaucoup de repos.

  • Hélène says:

    Je prends connaissance de ce Capharnum seulement maintenant, après avoir fait un tour sur le discord (que je ne consulte pas régulièrement je reconnais, ce réseau m’étant moins familier…) Je te souhaite te prendre tout le temps qu’il te faudra, et j’espère que trouvera ce que tu recherches (projets, créa, ou tout autres choses d’ailleurs)!
    J’apprécie toujours autant ce que tu fais, même si on te vois moins sur les réseaux!

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